Valorisation de la biomasse forestière: 30 M$ de projets en vue à …

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Alors que le géant ArcelorMittal vient d’investir 6,6 millions$ dans CharTech Solutions, toutes les pièces du casse-tête sont en train de se mettre en place pour développer un écosystème d’entreprises liées à la bioéconomie à Saint-Félicien, avec la valorisation de la biomasse forestière sous forme d’énergie, de biochar et d’hydrogène vert.

CharTech Solutions souhaite construire une usine de biochar de 20 millions$ en sol félicinois et elle a récemment reçu l’appui d’un gros joueur international, ArcelorMittal. L’entreprise ontarienne a récemment remporté le concours XCarb Accelerator, qui visait à identifier les meilleures technologies permettant d’accélérer la décarbonisation de l’industrie sidérurgique.

Plus de 90 entreprises ont participé au concours à l’issue duquel CharTech Solutions a été sélectionnée. En plus d’investir 6,6 millions$, le géant minier s’est engagé à acheter la production de biochar provenant de son usine de Thorold en Ontario.

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Le biochar fait parti des solutions pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie de l’acier.
Le biochar fait partie des solutions pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie de l’acier. (Guillaume Roy/Archives Le Quotidien)
«Non seulement nous investissons dans cette entreprise, mais nous travaillions déjà à ses côtés, en testant son produit dans l’une de nos aciéries canadiennes, mentionne Irina Gorbounova, responsable du Fonds d’innovation XCarb™ chez ArcelorMittal. Nous fournissons bien sûr du capital, mais aussi l’infrastructure industrielle et la collaboration en matière de recherche et développement dont les entreprises technologiques de pointe ont besoin pour mettre leurs produits sur le marché.»

Andrew White, le président directeur général de CharTech Solutions, se réjouit de ce partenariat auquel il voit deux éléments clés. «En plus d’être la seule entreprise productrice de biochar dans laquelle ArcelorMittal investit, ils garantissent l’achat du biochar produit à notre usine de Thorold, c qui représente un appui de taille», souligne-t-il.

Andrew White, président de CharTech Solutions, et Dino Milli, gestionnaire de la Société de cogénération de Saint-Félicien.
Andrew White, président de CharTech Solutions, et Dino Milli, gestionnaire de la Société de cogénération de Saint-Félicien. (Guillaume Roy/Le Quotidien)
Selon lui, le projet d’usine de biochar à Saint-Félicien devient encore plus intéressant avec l’appui du géant de l’acier. «Nous n’avons pas d’entente d’exclusivité avec eux, mais ça démontre tout notre sérieux pour devenir un leader mondial dans l’industrie.»

Pour aller de l’avant, CharTech Solutions attend les réponses gouvernementales en lien avec des demandes de financement. Les études environnementales sont également en cours pour favoriser la construction le plus rapidement possible. «Selon le meilleur scénario, nous pourrons commencer la construction au printemps 2024 et commencer les opérations à l’automne ou l’hiver 2024», ajoute le PDG.

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Cha Technologie utilisera un procédé de pyrolyse à haute température qui permet de transformer les résidus ligneux en biocharbon et en gaz de synthèse. Alors que le biocharbon peut être utilisé comme source d’énergie ou comme amendement des sols, le gaz de synthèse peut être utilisé pour produire de l’hydrogène vert ou du gaz naturel renouvelable. Contrairement à d’autres procédés, celui-ci ne produit pas de biohuile.

Une pièce maîtresse pour d’autres investissements
La construction de l’usine de biochar constitue une pièce maîtresse pour l’émergence d’un autre projet, le Centre de valorisation de la biomasse forestière (CVB), mené par Greenleaf Power, l’entreprise qui possède la Société de cogénération de Saint-Félicien.

En réalité, ces deux projets sont interreliés, car leurs structures financières sont codépendantes. D’une part, le Centre de valorisation de la biomasse forestière souhaite mettre en valeur la biomasse récoltée en forêt. Étant donné les coûts associés à la récolte et a transport des cimes et des branches d’arbres, il faut créer un maximum de valeur pour rentabiliser les opérations. Autrement dit, la valeur énergétique seulement ne génère pas assez de valeur.

C’est pourquoi le CVB souhaite séparer les écorces, qui seront brulées, de la fibre blanche de haute qualité, qui sera vendue à Char Technologies pour en faire du biochar. «Dès qu’on a l’assurance que CharTech va construire une usine, on va pouvoir lancer la construction du CVB, qui est moins complexe», soutient Pascal Turcotte, le directeur de l’usine de cogénération.

Pascal Turcotte, photographié devant le broyeur électrique de l’usine de cogénération qui servira aussi au centre de valorisation de la biomasse.
Pascal Turcotte, photographié devant le broyeur électrique de l’usine de cogénération qui servira aussi au centre de valorisation de la biomasse. (Guillaume Roy/Le Quotidien)
À l’heure actuelle, le coût du projet de CVB est évalué à 11 millions$. Il sera raccordé au réseau de chaleur d la ville de Saint-Félicien, tout comme l’usine de CharTech, qui pourrait également injecter de la chaleur dans le réseau.

En plus d’ajouter une source de fibre pour l’usine de cogénération, le projet de CVB est un investissement vers la foresterie du futur, ajoute Pascal Turcotte.

«On sait que le marché du papier va continuer à décliner et on veut mettre en place un projet qui permet de faire une transition vers les bioproduits et la bioéconomie», dit-il.

La construction du CVB et de l’usine de biochar permettra de générer un petit écosystème de la bioéconomie, car les produits circuleront entre les différentes entités.

«Dans un premier temps, on va acheter le gaz de synthèse produit par CharTech, ce qui leur donne un prix plancher, pour le brûler à l’usine de cogénération,» soutient Dino Milli, gestionnaire à la Société de cogénération de Saint-Félicien. Quand la production de biochar sera bien rodée, ce gaz sera transformé en hydrogène vert ou en gaz naturel renouvelable.

À l’eure actuelle, tout indique que la production d’hydrogène sera plus probable, car il sera plus facile de l’intégrer à l’économie locale. La Société de cogénération pourrait même être preneur en misant sur ce carburant pour développer des transports forestiers plus verts. «Ça fait un grand projet d’économie circulaire», ajoute Dino Milli.

Il ne manque que quelques pièces du casse-tête avant le début d’une étape importante pour le développement de la bioéconomie à Saint-Félicien, qui générera des investissements de plus de 30 millions$ au cours des prochaines années.

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