Biochar : ce charbon vert, qui stimule les sols, est fabriqué à Argentan

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La production de biochar se développe en France. Dans l’Orne, Terra Fertilis produit ce fertilisant et absorbeur d’eau depuis 2021. L’entreprise basée à Argentan compte bien accélérer la production de son charbon végétal dans un contexte de multiplication des sécheresses dans la région.

Thomas Gourdel, directeur du site Terra Fertilis d’Argentan, se prépare à multiplier sa production de biochar par trois d’ici 2026.
Thomas Gourdel, directeur du site Terra Fertilis d’Argentan, se prépare à multiplier sa production de biochar par trois d’ici 2026. © Radio France – Léni Flouvat
Dans cette usine, installée dans les anciens locaux de la MIC à Argentan, le ronflement du pyrolyseur ne s’arrête jamais. À l’extérieur, la cheminée ne dégage pourtant aucune fumée visible. “Le circuit fonctionne en autonomie, on réutilise les gaz de combustion pour faire fonctionner notre système”, explique Thomas Gourdel, directeur du site.

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L’objectif de l’entreprise Terra Fertilis est simple : trasformer du pellet industriel de bois en un produit rétenteur d’eau et de nutriments. Le biochar. “C’est bien différent du charbon de bois traditionnel, sourit Stéphane Ledentu, directeur général de Terra Fertilis. Le charbon combustible concentre encore des hydrocarbures. En mettre dans le sol, c’est comme mettre de l’huile de vidange dans son potager.”
Un produit pour les professionnels et les particuliers
Une fois produits, les petits granulés noirs sont ensachés dans des grands sacs, de plusieurs centaines de kilos, pour les professionnels et de quelques centaines de grammes pour les particuliers. Le produit fini ressemble à des paillettes, des petits granulés noirs.
Le premier pyrolyseur de l’entreprise permet de produire 300 tonnes de biochar par an. Deux autres vont être installés.
Le premier pyrolyseur de l’entreprise permet de produire 300 tonnes de biochar par an. Deux autres vont être installés. © Radio France – Léni Flouvat
Dans l’usine, une très fine couche de poussière noie recouvre machines et cartons. “Mais vous sentez, il n’y a aucune odeur, c’est comme ça qu’on reconnaît du vrai biochar”, précise le directeur de l’usine.
Devant les locaux de l’entreprise, une grande étendue d’herbe se remet à pousser péniblement. “Avant, c’était une friche, mais ça repousse. On y a épandu du biochar”, indique Thomas Gourdel. C’est là toute l’utilité du produit : permettre à des sols pauvres de retrouver assez de vigueur pour y accueillir des végétaux.
Une réglementation encore floue
“Notre souci aujourd’hui, c’est la réglementation. Le biochar est assimilé à du charbon alors que ce n’est pas le même produit, affirme Stéphane Ledentu, directeur général. Pour garantir notre produit, on est les seuls à avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les particuliers.”
Stéphane Ledentu dirige aussi le groupe forestier SLB qui détient plusieurs forêts en France et dans le monde.
Stéphane Ledentu dirige aussi le groupe forestier SLB qui détient plusieurs foêts en France et dans le monde. © Radio France – Léni Flouvat
En Europe, de nombreuses entreprises ont essayé de surfer sur la vague du biochar. “Beaucoup de start-up se sont lancées, mais nous nous démarquons en ayant créé notre usine, notre procédé. Il y en a beaucoup qui vendent du biochar avec un taux de carbone beaucoup trop faible”, poursuit le responsable de Terra Fertilis.
Un niveau de carbone pourtant essentiel pour garantir au produit ses capacités d’absorption et sa durabilité dans le temps. “Pour l’instant, de notre côté, on a un retour sur plusieurs années avec nos tests dans les forêts brésiliennes.”
Léni Flouvat
Léni Flouvat

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